Naissance et évolution d’un symbole de la coutellerie Made in France
Des confins du plateau de l’Aubrac…
C’est à Jean-Pierre Calmels qu’est ordinairement attribuée la création, en 1829, du premier couteau fermant à cran forcé baptisé Laguiole, petit couteau modeste de paysan. Succédant au Capuchadou apparu dans le Rouergue, ce couteau alliant élégance et fonctionnalité fut ensuite produit localement, jusqu’en 1880, par quelques artisans forgerons. Comptant parmi les plus anciennes lames de coutellerie de poche Made in France, le couteau Laguiole était avant tout un outil pratique et utile qui évoluait en fonction des besoins de chacun.
À l’époque, Laguiole est un bourg rural réputé pour ses productions agricoles issues de l’élevage. Le travail des fabricants de couteaux suffit à satisfaire la demande des paysans du plateau de l’Aubrac.
Jusqu’en 1930, l’activité coutelière ne cesse de croître et le succès du Laguiole se répand dans les régions avoisinantes.
… aux rives de la Durolle
Tandis qu’une création artisanale de qualité existe à Laguiole, une production industrielle de couteaux Laguiole s’installe sur Thiers et ses environs. La fabrication de couteaux y est devenue depuis plus de 500 ans la principale activité, facilitée par la présence de tous les corps de métiers nécessaires.
À Thiers, le travail est organisé dès le 17e siècle selon une division par tâche :
- forgerons,
- découpeurs de métaux,
- polisseurs,
- façonneurs de manches,
- assembleurs de couteaux.
Aujourd’hui, des couteaux Laguiole se fabriquent à Laguiole ainsi qu’à Thiers. Le couteau Laguiole y représente à Thiers 430 emplois, dont 240 directs, et génère plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires par an (17,5 en 2009). À Laguiole, une dizaine d’entreprises et artisans produisent 170 000 pièces par an (chiffres de 2007).
Laguiole et Thiers : deux villes de couteliers
Les liens historiques entre Laguiole et Thiers
Depuis le 19e siècle, la fabrication des couteaux Laguiole constitue un marché important. La collaboration entre Laguiole et Thiers est très ancienne. Le rapprochement entre les deux villes est en effet perceptible dès la 2e partie du 19e siècle. Les bénéfices étaient biens présents pour :
- les couteliers de l’Aveyron, qui trouvaient à Thiers des sous-traitants capables de fabriquer intégralement des articles nombreux et variés ;
- les couteliers de Thiers, chargés de traiter un nombre très important de commandes grâce à la qualité de leur outillage industriel.
Les fabricants façonnaient alors toutes sortes de couteaux (de table, de cuisine, de poche) selon des conventions commerciales dites « à la marque » du client. Les rapports étaient étroits entre les clients de l’Aveyron et les fournisseurs du Puy-de-Dôme.
Un enrichissement mutuel au service de la coutellerie Made in France
La notoriété des couteaux Laguiole
Le destin des couteaux Laguiole est lié à celui de la ville de Thiers. Dans le contexte hautement concurrentiel du début du 21e siècle, l’erreur serait de dissocier l’élan impulsé par ces deux entités, qui ont su, au fil des siècles, parvenir à la conception et à l’élaboration d’une coutellerie Made in France connue et reconnue à l’échelle du monde entier.
Laguiole peut s’enorgueillir d’avoir su asseoir la notoriété d’un couteau porte-étendard fabriqué dans le respect de la tradition artisanale locale qui a fait son succès.
Le savoir-faire historique de Thiers et de la coutellerie Made in France
Le savoir-faire en matière de coutellerie Made in France remonte à plusieurs siècles dans la cité thiernoise, qui a su adapter sa production aux changements cycliques marquant chaque époque, du passage à l’ère industrielle à la maîtrise de processus innovants et de technologies de la communication illustrant l’époque contemporaine.
En dépit de la concurrence étrangère, Thiers a su maintenir son standing de capitale de la coutellerie Made in France, avec 80 entreprises qui fournissent 70 % de la production nationale.